Si la première idée qui vous vient quand vous entendez le mot « Accoucher » est douleur… cet article est fait pour vous !
Pour Fille Aînée, il y a quelques années, c’était mon cas.
Vous pouvez d’ailleurs lire le récit de sa naissance ici :
Quand les protocoles se suivent mais ne se ressemblent pas.
Pour moi, accoucher était synonyme de souffrance.
Pour l’accouchement, douleur et souffrance se confondent-elles ?
La douleur est, selon la définition de l’IASP (International Association for the Study of Pain), « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en ces termes ».
Vous vous coupez avec un couteau. La lésion fait mal.
Vous tombez dans les escaliers. Le choc engendre de la douleur.
La souffrance, elle, est un sentiment, conscient ou inconscient qui se traduit par une douleur. Elle est constituée d’éléments émotionnels et d’éléments liés à la pensée et au raisonnement.
Vous souffrez parce que vous avez perdu un être cher.
Pas de lésion corporelle. Pas d’hématome. Mais une plaie émotionnelle.
La souffrance n’est donc pas nécessairement liée à une douleur physique : elle peut l’être mais ce n’est pas un passage obligé.
En revanche, la souffrance peut engendrer une douleur physique.
Combien de femmes souffrent dans leur chair de leur épisiotomie alors que cliniquement tout est ok ?
Douleur et souffrance sont donc à distinguer. Un accouchement peut devenir souffrance s’il n’y a plus de repos entre chaque contraction, si l’intensité reste à son maximal tout le temps, si vous vous sentez perdue, dépassée par ce qu’il se passe en vous, si la peur vous envahit.
Avoir mal, ce n’est pas être mal.
Pourquoi cette vision là ?
Quand j’ai commencé à me poser des questions sur la naissance et à lire des récits (positifs !), je me suis aperçue que ma vision n’était pas partagée par toutes les femmes (heureusement !).
Je me suis alors demandé pourquoi j’avais cette vision-là.
Si à vous aussi, la douleur de l’accouchement fait peur, je vous invite à vous poser cette question…
Qu'est-ce qui fait que aujourd'hui, j'associe accouchement et douleur ?
Du côté de la culture
La vision de l’accouchement varie d’une culture à une autre. Un même événement, mais de nombreuses manières de l’appréhender.
Dans certaines cultures, c’est un acte naturel, facile.
Dans d’autres, c’est un acte d’accomplissement de soi.
En France, aujourd’hui, c’est un événement dangereux et douloureux.
Même les sages-femmes ont peur de cette douleur…
Nous sommes tous baignés dans des images (films, séries, magazines…) dans lesquelles les femmes accouchent en stress, hurlant, les pieds dans les étriers, sauvées par une équipe médicale sans qui bébé et maman seraient sûrement morts.
N’avoir que cette vision de l’accouchement, c’est s’empêcher de vivre une autre expérience.
Cette vision explique aussi que plus de 70% de femmes en France ont recours à la péridurale. La douleur n’est pas supportable : elle doit être fuie ou combattue.
Du côté de votre propre naissance
Avez-vous remarqué qu’il existe des lignées de femmes qui accouchent par forceps ? d’autres par césarienne ? d’autres très rapidement ?
Que dit votre naissance de votre vision de l’accouchement ?
La grossesse est l’occasion de demander à votre mère comment s’est passée votre naissance, comment elle l’a vécue. Et d’écouter ses mots mais surtout tout son langage non verbal.
Vous apprendrez surement beaucoup de choses sur votre lignée de femmes et sur les croyances qui en découlent.
Du côté des histoires des autres
Ah ces histoires ! Vous savez, celles que l’on vous raconte alors que vous n’avez rien demandé ! Celle de tante Véronique qui a souffert pendant 3 jours, et celle de votre cousine Noémie qui a « fini » en césarienne et même celle de votre boulangère qui vous raconte « ses forceps » !
Tous ces récits viennent distiller du doute sur vos capacités à enfanter.
Vécus à des époques différentes, dans des contextes différents, avec un projet de naissance différent (et parfois pas de projet du tout !), ces histoires leur appartiennent.
Nourrissez vous plutôt de récits positifs et inspirants.
Ce n’est pas faire l’autruche ou se voiler la face. C’est consolider pas à pas votre confiance en vos capacités à enfanter.
C’est vous projeter dans un scénario d’accouchement qui vous correspond.
Du côté des accouchements précédents
Certaines d’entre vous ont déjà pu vivre un accouchement qui a laissé des cicatrices ou a laissé un goût amer d’inachevé ou d’échec.
Aujourd’hui, pour cette nouvelle grossesse, vous n’êtes plus la même femme. Cet événement vous a fait grandir et le chemin que vous empruntez aujourd’hui vous donnera accès à un autre scenario.
Autorisez-vous à revisiter votre accouchement pour y voir tout ce que vous avez réussi à traverser, à vivre, tout le beau malgré la tempête.
Changer notre vocabulaire pour changer notre vision ?
Le langage est un élément essentiel dans notre façon de comprendre la vie et en particulier l’accouchement. Selon notre vocabulaire, nous nous influençons d’une façon ou d’une autre sur les plans émotionnel et intellectuel.
Les mots donne une existence à nos pensées.
“Tout est dans le mot… Une idée entière se modifie parce qu’un mot a changé de place ou parce qu’un autre mot s’est assis comme un petit roi dans une phrase qui ne l’attendait pas et lui a obéi…«
Pablo Neruda
Alors, au lieu de parler de douleur, si nous parlions d’intensité ?
L’intensité, c’est ce degré d’activité, de force, de puissance qui va vous traverser et que vous allez ressentir. Cette puissance que vous allez traverser, qui va vous permettre d’enfanter. Celle pour laquelle vous allez puiser dans vos ressources intérieures des capacités que vous ne soupçonniez pas.
Se dire que l’on va avoir mal, c’est déjà créer cette douleur.
Se dire que l’on va vivre l’Intensité, c’est s’ouvrir à une autre expérience.
Si au lieu de parler de contractions, nous parlions de vagues ?
Un flux et un reflux qui vous irrigue, qui vous berce, qui invite votre enfant vers la sortie…
Accoucher rime-t-il toujours avec douleur ?
Faire rimer accoucher et douleur, ce serait donc se priver d’une autre expérience. Celle du plaisir, de la transcendance, de l’initiation.
Et vous ? quelle est votre vision de l’accouchement ?
C’est vrai qu’en France celles qui ne prennent pas la péridurale sont encore considérées comme des folles. c’est comme si on nous disait « n’essaie même pas, tu ne vas pas y arriver »
Il faudrait plutôt « entrainer » les femmes enceintes à se faire confiance, à se créer un monde intérieur pendant les contractions afin de mieux y résister car c’est possible avec la respiration, l’hypnose, le chant prénatal, ou encore les visualisations et j’en passe. L’autre parent doit aussi être dans le même mood auquel cas il risque d’entraver ce processus d’introspection.
Article très intéressant. Très belle réflexion. Même si je suis un homme je me suis rendu compte en vous lisant que j’avais entendu parler d’autant de types d’accouchements différents que j’en ai discuté avec des femmes.
Du plus beau jour de leur vie, au pire moment de douleur c’est vrai qu’il est difficile (encore plus pour un homme) de se faire une idée exacte de ce à quoi ressemble ce moment dans une vie. Merci donc Anne-Christine d’avoir susciter des interrogations 🙂