Vous connaissez peut être une femme dans votre entourage qui a accouché et qui reste meurtrie par cet événement. Parfois de nombreuses années après.
- une femme dont la plaie ne cesse de saigner,
- une femme qui ravale sa peine, vous assure que tout s’est bien passé mais dont tout le corps crie le contraire,
- une femme qui crie sa colère, de s’être sentie dépossédée, d’avoir été maltraitée, sans que cette colère ne se transforme en force…
Peut être que cette femme, c’est vous. Ce qui aurait dû être le plus beau jour de votre vie a viré en cauchemar qui tourne encore dans votre tête.
Aujourd’hui, grâce à notre médecine et ses technologies, peu de femmes en France meurt en donnant la vie (10.3 décès sur 100 000 naissances – données 2010-2012). Bien sûr c’est encore trop mais l’enjeu aujourd’hui n’est plus celui des siècles derniers.
L’enjeu n’est plus l’accouchement mais la naissance : la naissance d’un bébé et la naissance de sa mère. Le vécu psychologique et émotionnel est un enjeu majeur pour la parentalité et la future vie d’adulte du bébé.
Quand l’accouchement laisse une cicatrice physique
Cicatrice de cesarienne, cicatrice d‘épisiotomie, le plus important dans un premier temps est bien sur de soigner la plaie. Pour vous aider, vous pouvez prendre Staphysagria en 7CH (3 granules 3 fois par jour) et 1 dose d’arnica en 30 CH le 1er jour, puis 15 CH le second. Votre homéopathe affinera en fonction de votre profil homéopathique.
Tous les soins corporels doivent être réalisés avec beaucoup de douceur et d’amour. Apprendre à regarder puis toucher sa cicatrice n’est pas une mince affaire. Le corps a été meurtri, ouvert. Il en porte une marque indélébile. Si vous y arrivez, une fois la cicatrisation effectuée, vous pouvez la masser avec une huile végétale de rose musquée. Elle permettra de réduire les adhérences et d’assouplir la cicatrice.
Vous ne pouvez pas changer le passé. Cette cicatrice sur votre ventre restera là. Elle n’est pas une ennemie, elle est la trace de votre histoire. C’est aussi grâce à elle que votre enfant est là. Vous avez eu la force de traverser tout cela et c’est une ressource dont vous n’aviez pas idée.
Quand l’accouchement laisse une cicatrice au coeur…
Que votre corps ait été touché dans son intégrité ou non, il existe aussi une cicatrice au plus profond de vous même. Une cicatrice émotionnelle, psychique, une cicatrice qui a ouvert votre cœur.
Il arrive qu’une femme souffre de son épisiotomie pendant des mois, des années sans que physiquement les professionnels de santé ne voient quelque chose. Rien. Organiquement, tout est ok. La cicatrice est médicalement « parfaite ».
Oui mais derrière cette cicatrice, il reste une plaie béante que personne ne voit (ou ne veut voir), pas même cette femme. Cette plaie n’a pas été écoutée ni soignée et elle continue à saigner.
Parfois aussi le corps n’a pas souffert mais la femme a pu éprouver des émotions intenses négatives, comme la sensation de ne pas être écoutée ni respectée dans ses choix.
Elle peut en vouloir au corps médical et aussi (surtout ?) à elle-même : ne pas avoir été capable de mettre au monde son enfant, ne pas avoir su dire non, ne pas s’être assez renseignée avant…
Remettre des mots sur les maux de son accouchement
Pas question de changer le passé. Ni de le revivre et renforcer sa douleur. Encore moins de la minimiser mais lui donner une place. Sa juste place.
Pourquoi ?
- pour découvrir tous vos potentiels qui se cachent derrière cette cicatrice
- pour affirmer que oui, c’est vous qui avez donné la vie
- pour trouver les ressources et sortir grandie de cette épreuve
- pour apaiser la relation avec votre enfant parce que votre mal être et votre culpabilité rejaillissent sur ce lien
- pour vous projeter à nouveau dans une vie de femme épanouie et peut être dans une nouvelle maternité
Comment ?
Je vous propose 3 chemins pour y parvenir. 3 manières différentes, complémentaires.
- Exprimer par la parole ce que vous avez vécu
Il ne s’agit pas de raconter encore et encore votre vécu mais de lui donner une forme, une existence en dehors de vous. Cette parole peut être faite de mots, de silence, de larmes… L’essentiel est qu’elle soit accueillie inconditionnellement, sans jugement. A quelques exceptions près, seul un professionnel pourra accueillir cette parole avec bienveillance et justesse, la soutenir, lui offrir une place.
Amis, famille veulent souvent aider à aller mieux, alors que cette parole n’attend ni conseil, ni proposition. Juste accueillir ce qui est. Les doulas peuvent vous offrir cette présence et cette écoute.
- Ecrivez votre accouchement.
Pour donner une existence à ce vécu, vous pouvez aussi écrire votre accouchement. Une première fois avec toutes la palettes d’émotions que vous pouvez avoir.
La rage, la tristesse, la culpabilité… Vous pouvez écrire à un interlocuteur bien précis : la sage femme, le gyneco, votre partenaire, vous même…
Inscrivez dans la matière tous vos ressentis pour mieux vous extraire d’eux. Puis, rendez à la terre ces mots : brulez les, enterrez les…
Si vous le souhaitez, vous pouvez ensuite ré écrire votre accouchement. Juste les faits, sans les émotions. Du factuel pour finalement percevoir combien vous avez été forte.
A la fin de ce processus (qui peut prendre de quelques jours ou quelques mois), vous pouvez écrire votre accouchement à votre enfant. Racontez lui que son arrivée n’a pas été comme vous l’aviez prévue mais que vous l’avez accompagnée comme vous avez pu, avec les ressources dont vous disposiez à ce moment là. Que vous avez été là pour lui et que vous le serez toujours.
Vous trouverez dans l’article « Quand les protocoles se suivent mais ne se ressemblent pas », la place que peut prendre l’humour pour se distancier d’un accouchement qui ne s’est pas déroulé comme souhaité.
- Faites de votre accouchement un dessin
Ni la parole ni l’écriture ne vous tentent ?
Alors, misez sur l’art. Des crayons, des feutres, de la peinture, de la colle, des magazines, de la feutrine… Prenez ce qui vous tente et laissez faire.
Persévérez si l’inspiration met du temps à venir : ce sera très libérateur. L’objectif n’est pas de créer une oeuvre d’art mais un support juste pour vous, que vous garderez ou non : un moment d’extériorisation.
Et vous, avez vous des cicatrices ?
Et vous ? Portez vous des cicatrices de votre accouchement ? Comment en prenez vous soin ? Partagez-nous en commentaires comment vous faites.
Très joli texte. Le parallèle entre cicatrices physique et morale est très bien amené… Malheureusement je pense que celle invisible doit être bien plus destructrice car elle est gardée pour soi. Je suis 100% d’accord sur l’importance de ressortir cette douleur par la parole. Les groupes d’échanges entre femmes ayant vécu les mêmes douleurs (morales) doivent exister je pense. Merci Anne-Christine