Le placenta a un rôle essentiel et vital pendant la grossesse.
Lors de l’accouchement, après la délivrance, le rôle de cet organe éphémère s’arrête physiquement.
Mais vous pouvez lui donner une nouvelle place… comme un dernier hommage.
Dans la plupart des civilisations, le placenta a un statut particulier. Souvent considéré comme le jumeau du bébé ou son ange gardien, il véhicule beaucoup de croyances et de rituels. Assimilé à un puissant objet spirituel, il fait quasiment toujours l’objet de traitements particuliers et ritualisés. Il peut être
- enterré,
- brûlé,
- remis à l’eau,
- mangé…
Il ne laisse jamais indifférent ! Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à aller plus loin en lisant le travail de fin de formation de Florence Bulliard : Rites et croyances autour du placenta.
Si vous aussi, vous voulez lui donner une place particulière, vous pouvez demander votre placenta à la maternité. Toutefois, sachez que les équipes médicales peuvent vous le refuser : une circulaire du 31 août 2012 de la Direction générale de la Santé confirme l’impossibilité pour les parturientes de récupérer leur placenta. En France, la collecte de produits du corps humain (dont fait partie le placenta) est encadrée par la loi de bioéthique (publiée en 1994 et révisée le 7 juillet 2011). Selon cette loi, « le placenta ne peut être collecté qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques si la femme accouchée ne s’y est pas opposée ». Sans votre accord, votre placenta sera donc considéré comme un « déchet d’activités de soins à risques infectieux » et il est incinéré. Une femme n’est donc pas propriétaire de son placenta.
Vous pouvez demander quand même à repartir avec votre placenta (ou juste un échantillon selon ce que vous voulez faire) et expliquer votre démarche. Elle peut être entendue. Pour cela, discutez en avec l’équipe médicale, faite le rappeler par la personne qui vous accompagne le jour de l’accouchement et … apportez un contenant 😉 !
A défaut, demandez à le voir pour admirer cet arbre de vie !
Petite réflexion sur la symbolique de « Couper le cordon »
Il revient traditionnellement aujourd’hui au Papa la charge symbolique de couper le cordon pour séparer le bébé de sa mère. Mais si vous savez lu cet article, vous savez que le placenta est issu de la même cellule souche que votre bébé. Ce n’est donc pas un organe maternel. Couper le cordon revient donc plus symboliquement à couper avec la vie utérine, dans laquelle bébé avait besoin de son placenta pour vivre. A présent, il doit se débrouiller seul pour ses fonctions vitales. Cela peut amener à changer votre regard sur cet acte…
Comment offrir une seconde vie à votre placenta ?
En faire une empreinte d’art
L’empreinte de placenta consiste à imprimer sur un grand papier aquarelle le côté fœtal du placenta. Le sang ou de la peinture sert d’encre, et le résultat a des airs d’arbre de vie ! Cette symbolique de l’arbre est très forte, le reliant à son passé par les racines (son passé in utero, voire transgénérationnel) et offrant ses branches et feuillages à l’avenir. Il parait même que l’on peut lire beaucoup de chose dans un placenta…
Cette empreinte permet de garder une belle image du premier compagnon de votre enfant.
Enterrer son placenta
Dans la continuité de l’idée de l’arbre, vous pouvez enterrer votre placenta, soit dans un endroit à symbolique particulière, soit dans l’intention d’alimenter un jeune arbre. Ce sera en quelque sorte le premier cadeau de bébé à la Terre et vous donnerez une nouvelle naissance à cet organe porteur de vie !
Utiliser ses vertus médicinales
Différentes pratiques se basent sur le fait que le placenta est riche en vitamines (en particulier B12), minéraux (en particulier le fer) et hormones. Aujourd’hui, aucune étude clinique n’a porté sur les bienfaits chez la femme de cette consommation (des études aux résultats contradictoires ont porté sur les animaux mais difficile de faire une étude sur les êtres humains…). A vous de vous faire votre propre opinion sur le sujet…
Si toutefois cela vous intéresse, il existe différentes méthodes pour le conserver.
L’isothérapie placentaire consiste à transformer quelques grammes de votre placenta en granules homéopathiques. Interdite en France depuis janvier 1999, cette pratique est toutefois réalisable dans des laboratoires européens ou nord américains.
L’idée de consommer votre placenta vous parait saugrenue ? Cette pratique porte le nom de placentophagie. Coutume barbare pour certaines, elle est pourtant naturelle pour d’autres, d’autant plus qu’une très grande majorité des mammifères la pratique. Les nutriments contenus dans le placenta aideraient la mère à se remettre de l’accouchement et à lutter contre la dépression post partum. Vous pouvez trouver des recettes sur internet (si! si!) mais dans nos sociétés occidentales, le moins « choquant » reste de l’encapsuler…
Quelque soit sa forme, la consommation de placenta implique de s’assurer que vous n’ayez pas reçu de chimie pendant l’accouchement (vous pouvez vous en assurer dans votre dossier médical : on ne s’en rend pas toujours compte… et l’équipe médicale ne vous demande pas toujours votre consentement). Le placenta absorbant toute entrée dans le corps de la mère et retenant au maximum les « pollutions », il sera alors comme une éponge : substances chimiques, métaux lourds…
La naissance Lotus
Il s’agit de ne pas couper le cordon, même quand il a cessé de battre et de laisser tomber d’eux mêmes le cordon et le placenta. Cette pratique s’appelle aussi « non rupture ombilicale » mais avouez que c’est quand même moins poétique 😉 . Outre le fait qu’aucune étude scientifique n’a (encore) montré un bénéfice pour le bébé ou la maman, une naissance lotus doit être réfléchie : la logistique est à anticiper (le placenta ne quittant pas le bébé) et les risques d’infection à surveiller. Il n’en reste pas moins que certaines familles vivent ce moment comme une dernière lune de miel entre leur bébé et son placenta avec une symbolique très forte.
Vous offrir un dernier moment sacré et ritualisé vous permettra de clôturer une grande étape de vie.
- Pour vous, cela permet de mettre un point final à cette grossesse, de symboliquement être disponible à autre chose et d’accepter que votre bébé ait quitté votre matrice et acquiert petit à petit son autonomie.
- Pour votre bébé, c’est un hommage à ce « frère » sans qui rien n’aurait été possible et l’affirmation qu’à présent, il est capable de franchir seul ce pas vers cette vie aérienne.
Maintenant que tout est terminé, tout peut donc commencer…
Merci pour cet article !
Je n’avais jamais pris le temps de me pencher sur la question, même si j’avais entendu quelques petites choses sur le sujet.
Perso, j’aurais du mal, je pense, à « consommer » le placenta. Par contre, je trouve que l’idée d’en faire une peinture est intéressante et poétique 😉
Après, à voir en effet si le personnel de maternité est disposé à laisser le placenta à la famille… ça me semble un peu compliqué (mais qui ne tente rien n’a rien ! 😉
Merci pour ton commentaire. En effet, selon les équipes, ce peut être très variable. Mais j’ai déjà vu lors d’accompagnements en salle de naissance (accouchement physio) des SF proposer d’elles mêmes à certaines mamans de récupérer le placenta !
Wah… Super intéressant cet article ! C’est vrai que le placenta a une place unique durant la grossesse. Un lien unique avec le bébé. C’est super de lire ce genre d’articles et des possibilités qui s’offrent à nous ! Merci pour ce billet !
Merci Charlotte. J’essaie à travers mes articles de changer l’angle d’approche des sujets sur la maternité. Parfois, un tout petit changement de vision amène à de grandes découvertes et à de grands changements 😉
Très instructif cet article … Riche de sens et vraiment intéressant ! Merci pour cet éclairage !
Il est vrai que l’on laisse trop souvent de côté la dimension symbolique. Ce que tu proposes me paraît faire sens et doit être extrêmement puissant émotionnellement, même si tout comme Virginie, je ne me sentirais pas capable de consommer le placenta.
Merci Valentine pour ton retour. En effet, l’idée de « consommer » le placenta est assez éloignée de notre culture 😉 J’aime aussi plutôt l’idée de lui offrir un dernier hommage en le mettant en terre ou en le transformant en oeuvre d’art !
Je n’avais pas vu les choses comme cela et cela me fait regretter de ne pas avoir prêté plus d’attention à ce petit arbre de vie.
Dans certains pays on fait des cosmétiques qu placenta (pas humain 😊).
Intéressant ! Sais tu dans quels pays le placenta est utilisé pour les cosmétiques ? et de quel animal il s’agit ?