Vous allez bientôt accoucher et vous n’avez toujours pas choisi le prénom de votre bébé ?
Parce que nommer n’est pas simple… Vous le sentez, vous le ressentez : c’est une sacrée responsabilité !
Nommer votre enfant, c’est lui donner une place dans la société, affirmer son appartenance à votre famille, tout en lui accordant une identité singulière. Tout ça à la fois !
#1 – Le prénom comme marqueur social
Les prénoms sont des marqueurs sociaux : de nombreuses études, en particulier américaines, démontrent l’impact qu’ils peuvent avoir dans la vie publique et en particulier professionnelle.
Les prénoms ont tout d’abord une notion de « désirabilité sociale » : tous les prénoms ne sont pas également appréciés et on tombe rapidement dans des stéréotypes. « Tous les Nicolas sont gentils, toutes les Jade sont des passionnées… » Ces images toutes faites sont à la fois sociétales et individuelles. Vous vous souvenez de cette Mélanie qui vous tirait les cheveux en primaire ? et bien je pense que votre fille ne portera pas ce prénom 😉 Par ces mêmes biais, le prénom aurait une influence sur la vie sentimentale. Eh oui, la mélodie d’un prénom affecte l’évaluation de l’attrait physique, ainsi que l’imaginaire qui va avec. L’image qui vous vient en premier en entendant le prénom Brad n’est sûrement pas le même qu’en entendant Jean-Pierre…
Toujours selon ces études, les prénoms auraient une valeur prédictive en matière de réussite scolaire. Les prénoms les plus fréquents ont statistiquement les meilleurs diplômes. Ainsi, selon le sociologue Baptiste Coulmont, en 2011, « plus de 25% des Madeleine, Irene, Come et Ariane qui ont passé le bac ont reçu mention “très bien” ». Si ! si ! Le prénom, outre le fait d’avoir un impact sur l’estime de soi, a aussi un impact sur les attentes, parentales mais aussi celles des professeurs. Le sentiment de familiarité vis à vis des prénoms fréquents modifie la perception du travail fourni par l’élève.
A partir d’un prénom, il est aussi assez facile de deviner le groupe social d’appartenance. Consciemment ou non, nous affectons les prénoms par le biais d’un déterminisme social. Un prénom aurait ainsi un cycle en 3 phases : il apparaît dans les classes dites « dominantes » et atteint son apogée. Puis, une dizaine d’année après, il est adopté par les classes « dites » populaires et décline. Puis il reprend son cycle sur environ une centaine d’année. Devinez quels étaient les prénoms à la mode dans les années 1920 ? Marcel, Madeleine, Jeanne… qui reviennent en ce moment !
C’est le même mécanisme pour le recrutement. Certains prénoms et noms s’accorderaient plus ou moins bien avec certaines fonctions. Vous aurez plus de facilité à imaginer Mélusine comme artiste peintre que comme comptable. Mais là encore, tout est une question de référentiel.
Le prénom a donc comme vocation à donner une place à votre bébé dans la société dans laquelle il arrive. Choisir un prénom est donc aussi un acte de projection que vous faites sur la place que vôtre enfant aura.
« Ce qui apparaît comme le résultat d’un libre choix ou l’effet du hasard est déterminé et déterminant tant les parents doivent résoudre de contradictions : opérer une synthèse entre l’ancien et le nouveau, distinguer son enfant, le rendre unique, et en même temps l’intégrer dans un groupe, une culture, une tradition. »
Jean-Gabriel Offroy – Le choix du prénom
#2 – Le prénom serait il le résultat d’un inconscient familial ?
Il n’y a pas si longtemps, le choix du prénom n’existait pas. Tout était très codifié : le fils aîné prenait le nom du père et c’est comme ça que l’on se retrouve dans nos arbres généalogiques avec des lignées de Jean. Avec du recul, cela pouvait donner une certaine confusion des générations.
Aujourd’hui, le choix du prénom peut devenir un vrai casse tête ! Heureusement, vous avez 5 jours après l’accouchement pour vous décider, (le jour de l’accouchement n’est pas pris en compte dans ces 5 jours) : pas de pression ! Ce choix s’insère dans le processus de naissance, dans un temps différent.
Il y a ceux qui savent déjà : « j’ai toujours voulu l’appeler Léon », et ceux qui sont indécis jusqu’au bout.
Il y a ceux qui cherchent dans leur arbre généalogique, ceux qui choisissent par sonorité, ceux qui veulent certaines lettres et pas d’autres, ceux qui veulent un certain nombre de lettres, ceux qui choisissent le héros de leur série préférée ou le sportif de l’année, ceux qui n’ont pas réfléchi et « ça leur est tombé dessus »… dans tous ces cas, et au delà des apparences, un prénom n’est jamais le fruit du hasard. Il a toujours du sens, même si on ne le perçoit pas toujours tout de suite.
La langue des oiseaux est fondée sur ce que notre cerveau entend ou perçoit du mot : les jeux de mots, les mots contenus dans un autre mot, mais aussi les anagrammes, la symbolique des lettres, etc. Elle consiste à donner un sens autre à des mots. Pour les prénoms, c’est ainsi que Sylvie sonne comme « s’il vit », que Jean devient l’anagramme de « Ange » ou que Denis nous renvoie « 2 nids » ou « déni ». A chacun sa propre interprétation, avec son histoire, sa compréhension et avec toute notre subjectivité. C’est un outil beaucoup utilisé en psycho-généalogie et qui permet, à défaut de comprendre, au moins de donner du sens à une situation.
Le lien transgénérationnel peut aussi vous amener à choisir non pas le prénom directement d’un aïeul mais un dérivé. Emma est un dérivé d’Emmanuel, Gabin un dérivé de Gabriel… Des prénoms hommages qui enjoignent le nouveau-né à se comporter comme son aïeul et qui rappellent à l’enfant le projet que ses parents ont fait pour lui…
#3 – Le prénom comme projection d’un désir
Parce que choisir un prénom, c’est projeter ce que l’on souhaite pour cet enfant : ses qualités intrinsèques, son statut social…
A travers l’étymologie du prénom, vous allez aussi donner à votre enfant une mission, un projet à porter, un vrai cadeau… qui peut parfois être lourd à porter quand il est là pour réparer quelque chose de votre lignée familiale.
Depuis la loi du 8 janvier 1993, les parents ont la liberté de choisir le prénom qui leur convient (et donc d’en créer !) tant que celui ci ne porte pas préjudice à l’enfant. Mais même si votre prénom est crée par vous, il a une étymologie. En voulant donner à leur enfant une place unique (en changeant l’orthographe d’un prénom, en inventant un nouveau prénom, un donnant comme prénom un nom commun…), vous risquer toutefois de le désintégrer du groupe. Attention à trop d’originalité.
Souvent, les parents s’imaginent être originaux et s’aperçoivent à l’entrée en maternelle que de nombreux enfants portent le même prénom que le leur. « C’est qu’ils ont été influencés par des modèles sociaux et familiaux qu’ils ont inconsciemment reproduits et projetés sur leur enfant », analyse le psychosociologue J-G Onffroy.
Le prénom est le support de l’identité. Un enfant se construit sur des modèles et le prénom fait partie de ceux sur lesquels il va s’appuyer pour bâtir sa personnalité. Etre nommé est carrément vital… pour exister !
La façon dont on imagine notre enfant et la personne que nous aimerions qu’il devienne s’avère donc prépondérante dans le choix du prénom.
Alors, quoi faire pour choisir LE bon prénom ?
Vous trouverez sur Internet des tas de conseils très pratiques pour choisir le prénom de votre enfant. Dans le désordre : faire attention aux initiales (dans les 2 sens !), penser aux surnoms possibles, s’assurer qu’il n’ y a pas de jeux de mots possibles, prononcer prénom+nom puis nom+prénom plusieurs fois pour se faire bercer par les sons et trouver la bonne vibration, pensez à ceux qui le prononceront plus tard : avec l’autorité d’un prof, la distance d’un boss ou la tendresse de son/sa futur(e) amoureux(se) !
Mais ce qui me semble le plus important :
- Tout d’abord faire le deuil de l’enfant que vous imaginez pour laisser la place à celui qui arrive. Cela veut dire en particulier se laisser des portes ouvertes : sélectionner plusieurs prénoms et laisser l’inspiration venir quand vous verrez votre bébé. Le prénom choisi de longue date pourrait vous paraître inapproprié quand vous verrez votre bébé.
- Soyez attentive à vos rêves, le bébé in utéro y participe. Mettez vous à l’écoute de votre enfant, établissez une communication avec lui. Mettez tous vos sens en éveil et laissez vous guider par la vie.
- Déculpabilisez si vous vous apercevez que ce prénom correspond à un aïeul au destin tragique. Vous expliquerez à votre enfant qu’il est seul maître de son destin !
- Si vous le souhaitez, faites participer la fratrie au choix mais gardez la décision finale : choisir le prénom fait partie des actes importants de votre parentalité. Les frères et sœurs donnent leur avis mais leur accorder la responsabilité du choix ne correspond pas à leur place.
Et avant de choisir le prénom de votre bébé, peut être pouvez vous réfléchir au vôtre…
Qui a choisi votre prénom ? pourquoi celui là ?
Dites moi tout dans les commentaires !!!
Coucou !
Super cet article ! Il met bien en avant les différentes raisons – conscientes ou inconscientes – qui nous travaillent quant au choix d’un prénom.
Tu le dis, il est une identité mais aussi un marqueur social et chargé de plein de sens …
Perso, pour mon fils ce n’était pas une évidence : nous n’avions pas de coup de coeur avec le papa sur un prénom précis, et un jour – par hasard – on a évoqué le prénom choisi . Et hop, ce prénom va comme un gant à notre fils, à nos yeux en tout cas 🙂
Merci pour ton article, à bientôt
Et oui, le choix peut aller de soi … ou pas ;)) Avec mon homme, nous avons utilisé les 3 jours après la naissance pour petit dernier ! ;))
Bonjour Anne-Christine,
J’espère que tu as passé une bonne fête des mères. Moi aussi, j’étais gâtée. 🙂
C’est vraiment un moment de plaisir de réfléchir au prénom de l’enfant qu’on porte. J’ai vécu ce moment magnifique deux fois. Mes petits m’ont offert un bouquet de fleurs hier.
Etant d’origine coréenne, je voudrais parler du prénom coréen. En Corée du Sud, le plupart de prénom est limité en deux syllabes. Pourtant la possibilité de créer un nouveau sens au prénom est illimité. Parce que les coréens utilisent le Hanja, les caractères chinois dans le langage coréen, qui est l’idéogramme. Par exemple j’utilise un pseudo occidental mais mon prénom coréen ‘Wunrei’ signifie « la courtoisie des nuages ».
D’ailleurs en Corée du Sud, il y a un métier pour créer des prénoms d’enfants. C’est étrange? lol
Si tu es intéressée, je te mets un lien. J’espère que cela donne une occasion d’élargir l’horizon culturel. A bientôt !
https://apprendrelecoreen.fr/histoire-du-nom-prenom-coreen/
Merci pour ce commentaire !
Un métier pour inventer des prénoms… c’est magique comme métier !! Je n’y avais jamais songé. Quelle poésie ! C’est une idée magnifique ; Merci pour ces infos, je vais aller voir ton site !