Je suis heureuse d’accueillir Chloé Lemonne, sage femme libérale. Toutes les deux, nous partageons la même vision sur la maternité : la Joie à remettre au centre de la maternité, la magie de l’enfantement, le possible chemin d’intériorité…
Chloé attend un enfant et je voulais savoir si, en tant que sage femme, la maternité est un long fleuve tranquille…
Quand les connaissances théoriques et pratiques se confrontent à la réalité du vécu intérieur, cela donne un magnifique article que je vous laisse découvrir !
Depuis toute petite, je voulais devenir maman. Seulement voilà : j’avais peur d’accoucher. Toute ma vie, je me suis demandée comment cela fonctionnait, ce corps qui enfante. J’étais persuadée qu’accoucher se faisait sur le dos, à l’hôpital, avec des hurlements et une péridurale. J’entendais le discours typique que vous avez sans doute entendu autour de vous :
« Accoucher fait un mal de chien. Essayer sans péridurale, c’est bien mais tu vas souffrir, tu verras ! Et si tu y parviens, tu sauras ce que c’est que d’avoir mal et tu prendras la péridurale la prochaine fois. »
J’ai voulu prendre le taureau par les cornes, et en apprendre plus sur le fonctionnement du corps de la femme. En commençant mes études de sage-femme, je me suis rendue compte que j’étais pleine de fausses idées sur l’accouchement. Je voulais tout savoir, persuadée que l’enfantement ne doit pas se faire dans la douleur. Mais je ne trouvais pas les réponses autour de moi. Les quelques témoignages recueillis sur l’accouchement (ou plutôt les histoires dramatiques dans les films et sur baby boom… ) prenaient tellement de place dans ma tête, que l’image que je me faisais de la naissance devenait petit à petit négative – même en ayant mon diplôme de sage-femme en poche !J’étais convaincue qu’accoucher devait forcément faire atrocement mal et que je n’allais jamais y arriver sans péridurale. Seulement voilà : une fois enceinte à mon tour, j’ai voulu accoucher à domicile. Je sais qu’il est normal de ressentir un peu de peur face à l’accouchement. Mais chez moi cette peur d’accoucher est restée un peu trop longtemps à mon goût, et les discours entendus dans mon enfance sur la douleur ont refait surface, sans prévenir. Parce que chez soi, il n’y a pas de péridurale, voyez-vous. Donc c’est juste vous et vos contractions. Il fallait que je rassemble toutes mes forces. Et être courageuse, affronter la douleur en pleine face, ce que je redoutais le plus. En gros, avoir l’impression de mourir puis de refaire surface (c’est ce qu’on me disait à l’époque!)Et je ne sais pas pour vous, mais ce n’est pas avec cet état d’esprit-là que je voulais mettre mon bébé au monde. Je ne connaissais simplement pas d’autres options. Pourtant, aujourd’hui, l’idée d’accoucher m’enthousiasme au plus haut point. Aujourd’hui en fin de grossesse, j’ai hâte de donner naissance, non pas parce que j’en ai marre d’être enceinte (j’adore ça) mais bien parce que j’ai HATE d’être en travail. Hâte de ressentir chaque contraction, le moment entre les contractions et de pousser mon bébé. Vous vous dites surement : oui c’est super tout ça, mais moi je suis bloquée, j’ai vraiment la trouille d’essayer sans péridurale.
Même s’il n’y a qu’une infime partie de mon histoire dans laquelle vous vous reconnaissez, je veux vous partager ce j’ai fait pour passer de la peur à l’enthousiasme.
Parce que vous méritez aussi d’accoucher avec un état d’esprit positif, apaisé, confiant et serein (peu importe l’issue!)Voici ce que j’ai mis en place depuis le début de ma grossesse, les éléments qui m’ont aidé et qui peuvent vous aider aussi :
J’ai fait tout mon suivi de grossesse chez une sage-femme
Le diplôme de sage-femme en poche et ma carrière commencée, j’ai eu la chance d’accompagner des mamans dans leur accouchement à la maison. J’ai été baignée dans une ambiance d’accouchement positifs et épanouissants pour les femmes, peu importe l’issue.Sans drames, sans cris, sans traumatismes.Cela n’avait rien à voir avec les discours que j’avais entendus depuis toute petite. Du coup, une fois enceinte à mon tour cela coulait de source que ce soit une sage-femme qui effectuait mon suivi de grossesse et mon accouchement. Les consultations durent de 30min à 1h et il y a plus qu’assez de temps pour déposer ses peurs et ses angoisses sur la table – même en étant sage-femme j’ai trouvé cela réconfortant et rassurant.
Cassez le cycle de la peur
La peur – que la plupart des femmes ressentent – peuvent avoir un impact direct sur le type d’accouchement que vous pouvez avoir. Premièrement, la peur peut vous empêcher de rechercher vos options, de revendiquer vos droits, de baisser les bras et de « voir où le vent vous emportera ». Deuxièmement, l’idée de penser que l’accouchement sera extrêmement douloureux et difficile peut augmenter fortement l’adrénaline et la tension physique dans votre corps, ce qui garantit presque toujours que votre accouchement sera, devinez quoi, … douloureux et difficile. Les attentes deviennent réalité, et les peurs deviennent des faits. Après avoir eu l’accouchement difficile qu’on se persuadais d’avoir, on a une histoire négative d’accouchement à raconter autour de nous – et le cycle continue…
L’ennemi de la peur est l’information
Pour vaincre la peur, il faut premièrement ne pas lui laisser prendre toute la place. Donc informez-vous sur vos options et vos droits, comprenez le fonctionnement de votre corps et les conditions optimales pour donner naissance, faites un plan de naissance pour maximiser vos chances de vivre l’accouchement de vos rêves. Pour cela, parlez-en simplement à votre sage-femme : elle propose sans doute des séances de préparation à la naissance individuellement ou en groupe, ou pourra vous diriger vers quelqu’un d’autre pour vous préparer dans le cas contraire. Des séances d’hypnonaissance sont un outil précieux particulièrement adapté pour affronter vos peurs et travailler dessus dès la grossesse.
Ce temps précieux entre les contractions
Personne ne vous parle du temps entre deux contractions, qui pourtant fait partie du travail aussi ! C’est un temps ou vous vous sentirez complètement détendue. Le rush d’hormones que vous recevez à ce moment-là vous remplira d’énergie positive, si vous laissez cette peur au placard et que vous êtes déterminée à garder un état d’esprit positif.Votre corps produira de l’endorphine, aussi puissante que la morphine. Un anti-douleur naturel ! Cet état de tête dans les nuages exquis ne peut pas fonctionner si vous êtes crispée, tendue, anxieuse. Vous avez toutes les cartes en main pour décider de vous détendre ou de paniquer, c’est l’un ou l’autre.
Modifiez votre inconscient
Puisqu’on vous a rabâché les mêmes histoires négatives autour de l’accouchement sans cesse, les images négatives de la naissance ce sont imprégnées dans votre inconscient. Faites machine-arrière : il est temps de reprogrammer votre inconscient, en vous persuadant que la naissance est positive et épanouissante. Ce qui m’a aidé :
- Ne plus dire « contractions » mais « pressions » ou « vagues »
- Ne plus utiliser le mot « douleur » mais « intensité » ou « pression »
- utiliser les images et affirmations positives autour de l’accouchement (pinterest est génial pour cela) : les afficher partout chez soi !
- regarder des videos d’accouchements positifs (tapez « water birth », « home birth » ou « positive birth » sur YouTube)
- Lire de bons bouquins bourrés d’histoires positives
- Lire des récits d’accouchements positifs écrits par d’autres mamans.
J’utilise encore tous ces trucs et astuces aujourd’hui, un mois avant la date de mon terme. La peur pointe encore parfois le bout de son nez, mais maintenant je sais quoi faire pour ne pas qu’elle me stresse et ne prenne trop de place Je me baigne dans les conseils ci-dessus et mon accouchement futur est à nouveau un jour que j’ai hâte de vivre. Choisissez les histoires que vous écoutez et les images que vous voyez avec soin. Car il s’agit bien de votre bébé, de votre corps et de votre accouchement. Je vous souhaite une belle grossesse et une naissance douce !
Chloé
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