Accompagner le début et la fin de vie se ressemblent ils ?
Dans notre société occidentale actuelle, la question peut surprendre. Comment ces 2 grands passages pourraient-ils se ressembler ?
D’un côté : accueillir la vie, la naissance, synonyme de joie, d’allégresse, de partage…
De l’autre : accompagner vers la mort, le deuil, parfois la souffrance, la solitude, la peur…
A travers l’Autre, se confronter à sa propre mort, à son humanité. Prendre conscience que nous aussi nous partirons un jour. Nous devrons passer de l’autre côté du voile sans savoir ce qu’il y a derrière. Ce même voile que nous avons traversé lors de notre naissance, quand nous avions déjà fait le saut dans l’inconnu.
Pourtant, au delà des croyances et des peurs, naissance et Mort partagent la même sacralité et implique un accompagnement similaire : présence, écoute, accueil et juste positionnement.
ETRE PRESENT
Par sa qualité de présence, l’accompagnant pourra cheminer avec celui/celle qu’il ‘accompagne. Mort ou naissance, les besoins sont de ne pas être seule « en cette zone limite où les mots sont parfois devenus vains » (Patrice Van Eersel – Mettre au monde). Il suffit de tenir la main et ce contact physique peut remplacer toutes les paroles qui, dans ces circonstances, sont souvent de trop.
Le plus beau des cadeaux à offrir, future mère ou mourant, est de s’asseoir à côté, silencieusement. Une respiration calme, une atmosphère paisible permettra de retrouver un peu de sérénité dans ces temps de bouleversements. Une qualité d’être et non de faire. Pas de compétences, mais une présence.
Simplement, « offrir sa présence et son attention » – Marie de hennezel – L’art de mourir. Accueillir ce qui se passe, sans jugement, quoiqu’il arrive. Accompagner l’autre sur son chemin, dans ce qu’il a à vivre.
ETRE A L’ECOUTE
Par cette présence, l’écoute est totale, bienveillante, sans jugement. Ecouter les maux qui s’expriment. Ecouter aussi le silence. Un silence non pas vide, mais rempli : « (…) lui permettre d’être ce qu’il est dans le moment où il est » JY Leloup – L’art de mourir.
Donner une temps d’écoute inconditionnel, sans rien attendre en retour, sans parler de nous , sans transposer l’histoire de l’Autre à soi. Pour cela, il faut être bien soi-même et disponible. C’est un travail quotidien et de longue haleine. Cela implique beaucoup d’attention sur les signaux non verbaux, le langage corporel, les propos, les silences. Savoir écouter un silence. Ne pas donner de conseils, son avis…
LE TEMPS
Naissance ou Mort, pour celui qui vit un des ces passages, le temps n’est plus le même : dilaté, resserré, suspendu, en mouvement constant… la personne n’est plus dans la même dimension. Cela peut être très déstabilisant pour l’entourage qui est resté dans un temps chronologique, un temps rapide, celui de Chronos, celui qui dévore. Pourtant, ce doit temps si différent être respecté : il est le terrain d’un vrai travail, un travail intérieur sur le lâcher prise et l’acceptation, un travail intérieur pour passer cette étape et renaître différemment. C’est le passage vers le temps Kairos, celui qui éveille.
LA JUSTE DISTANCE
Comment se lier de cœur à cœur sans être submergé par l’Autre ?
Il s’agit à la fois d’être proche, intime et pourtant de rester à sa place et de ne pas se fondre en l’Autre. Cela nécessite une distance intérieure par rapport à ses propres croyances et ses propres peurs. « Etre sans angoisse devant l’angoisse de l’autre ». Françoise DOLTO
Pour arriver à cela, l’unique chemin est le travail intérieur : fréquenter ses propres peurs, ses propres blessures, les accueillir et grandir grâce à elles.
Pour expérimenter cette juste présence, j’ai eu le plaisir d’accueillir Isabelle Challut les 8, 9 et 10 juin 2019 dans la Drôme.
3 jours pour changer notre regard sur la naissance, pour démystifier la mort et transformer notre rapport à la vie. Si vous souhaitez connaitre les prochaines dates : rdv sur son site.
Très bel article sur un sujet important.
Merci pour ces précieux conseils. Il est clair que la vie s’accompagne. A chaque étape, il est important d’être présent et ton article nous apprend comment être sincère sans se forcer, à être présent sans étouffer, à écouter sans juger… et l’importance du contact. Un simple touché peut illuminer une vie. Les marques de considération, d’affection, ont un pouvoir extraordinaire.